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À La Une - Art conceptuel

« Égratigneuse » enquête de Walid Raad sur l’histoire de l’art dans le monde arabe

C’est une exposition éminemment cérébrale que présente, comme à son accoutumée, à la galerie Sfeir-Semler de Beyrouth, Walid Raad. Un artiste conceptuel qui aime jouer les enquêteurs.

A l'espace Sfeir-Semler, Walid Raad retrace, en projection cartographique animée, les flux boursiers reliant les grandes places financières mondiales aux capitales internationales et grandes galeries de l'art contemporain.

Une cartographie projetée sur un mur et commentée par l’artiste accueille le visiteur de «Scratching On Things I Could Disavow. A History of Art in the Arab World», le dernier projet (en fait une œuvre en cours entamée en 2007) de Walid Raad exposé, jusqu’au 23 mars, à la galerie Sfeir-Semler*.


Composée d’un ensemble de graphes, textes, dessins, collages et images animés, cette cartographie est accompagnée d’une sorte de conférence de l’artiste disponible sur MP3. Walid Raad y dévoile les nouvelles inflexions du marché de l’art arabe à travers le récit d’une enquête qu’il aurait conduite sur la Mutual Art Inc, un organisme international de financement de l’art contemporain qui gère des fonds de pension pour artistes. Et qui lui aurait proposé d’investir une de ses œuvres dans sa branche «Monde arabe». Intrigué, Raad fouille plus amplement l’identité de cette institution et dresse à l’appui une cartographie des flux boursiers reliant les grandes places financières mondiales aux capitales internationales et grandes galeries de l’art contemporain. Dans son étude détaillée de ce réseau économico-artistique, il se penche, également, sur le phénomène que constitue la rapide émergence d’espaces et institutions artistiques dans certaines villes du monde arabe comme Abou Dhabi, Doha, Sharja, Le Caire ou encore Beyrouth. Et questionne l’impact que ces nouvelles infrastructures destinées aux arts visuels (à l’instar des musées du Louvre et Guggenheim dans le Golfe, dont il présente, par ailleurs, un peu plus loin, des maquettes très grand format) pourraient avoir sur la «tradition» des pays de la région. D’autant qu’en pénétrant au cœur du système des spéculations engagées dans l’art du monde arabe, la démonstration de l’artiste libanais semble aboutir à une implication... d’Israël.


Vous l’aurez compris, à travers cette enquête sur les dessous financiers de cette effervescence artistique, l’artiste joue – comme dans nombre de ses précédents projets, à l’instar de son travail sur les archives de L’Atlas Group (1989-2004) – à jeter le trouble dans l’esprit du visiteur sur la réalité ou la fiction des données qu’il avance !
Usant comme toujours d’un langage et de procédures académiques et muséales – archivage, montage et présentation en Power Point –, Walid Raad, dont le travail est reconnu dans les plus hauts lieux de la scène artistique internationale (des Documenta 11 et 13 de Kassel au musée du Louvre actuellement, en passant par la Biennale de Venise en 2003 ou le Centre Pompidou en 2007...), poursuit donc ici son œuvre de recherche sur la dimension historico-socio-politique de l’art contemporain dans l’espace arabe, dans un contexte soumis aux impératifs, financiers, de la mondialisation, mais également aux conflits et remous identitaires et idéologiques auxquels fait face cette région du monde.


Une pratique artistique, qui réfère autant à la recherche et la documentation qu’à l’imagination et la fiction, à travers laquelle Walid Raad ne manque pas d’« égratigner certaines choses (qu’il) désavouerait »!



*La Quarantaine, immeuble Tannous, 4e étage. Tél. : 01/566550.

Une cartographie projetée sur un mur et commentée par l’artiste accueille le visiteur de «Scratching On Things I Could Disavow. A History of Art in the Arab World», le dernier projet (en fait une œuvre en cours entamée en 2007) de Walid Raad exposé, jusqu’au 23 mars, à la galerie Sfeir-Semler*.
Composée d’un ensemble de graphes, textes, dessins, collages et images animés, cette...

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